Le quartier


Le 15 Août en Outre-Meuse

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Depuis l’après-guerre, la République Libre d’Outre-Meuse organise des festivités, le jour de la fête de Marie où le religieux et le profane font bon ménage.  Au début la fête ne durait qu’un jour.  Au fil des années, les manifestations se sont étoffées et s’étalent sur une semaine.  Le vieux quartier accueille maintenant plus de 200.000 visiteurs.  Le programme comporte : d’une part une procession et une messe en wallon, avec la participation de groupes folkloriques, la distribution des petits pains bénis, la bénédiction des fiancés et la vénération des potales.(niches accueillant une statue de la Vierge Marie ou d’un Saint) ; d’autre part, un marché aux puces (le week-end avant le 15), des concerts, des jeux populaires, un tir de campes (tradition des anciennes fêtes paroissiales), la sortie du bouquet d’Outre-Meuse (datant de1776), des danses folkloriques sur podium, et un grand cortège l’après midi du 15, avec des groupes venant de l’étranger et de Belgique (plus de 1000 participants + chars).   Les fêtes constituent la plus grande manifestation d’été de la région liégeoise.  Il s’agit de la fête folklorique la plus importante de l’Eurégio Meuse-Rhin. (+ de 200.000 personnes fréquentent notre quartier sur l’espace de quelques jours). Jusqu’à la fin des années cinquante, il s’agissait d’une simple fête paroissiale, avec sa procession encadrée par les habitants de l’île et leurs invités.  Par la suite, la République Libre d’Outre-Meuse institua le grand cortège folklorique de 15 août après-midi.  Le nombre de spectateurs alla en grandissant, à tel point que le quartier est à présent mis en piétonnier dès le 14 août vers midi, jusqu’au 16 dans la matinée !  L’important est de savoir se faire côtoyer le religieux et le profane.  Hormis le marché aux puces, qui se déroule place Delcour et environs dans le courant du WE précédant le 15 août, la fête débute officiellement le 14 août à 18 heures.  Vers 17H50, le Bouquet de la République Libre d’Outre-Meuse sort du musée Tchantchès, pour se rendre place Delcour, où à lieu le tir de campes à 18 heures précises.  Divers concerts en tout genre ont lieu dans la soirée sur les différents podiums disséminés dans le quartier, qui est également animé par la sortie de plusieurs groupes musicaux, bandas et autres.  Le 15 août, la procession débute à 09H45 heures, par la sortie de la Vierge noire de l’église St Nicolas. La procession se rend ensuite à l’endroit du quartier (changeant chaque année) où aura lieu la messe, avec le sermon en wallon.  Après cette messe, la procession repart sous les potales, pour rejoindre l’église.  A 14H30 heures, débute le grand cortège folklorique, qui sillonne le quartier jusqu’à environ 18 heures.  La soirée, est comme le 14, consacrée aux concerts, sortie des bandas, jusqu’aux petites heures.  La fête ne s’arrête pas là : le 16 août a lieu l’enterrement de Matî l’Ohê, dernières farandoles et bal populaire de clôture.  Dès le 17, les Ministres de la République libre d’Outre-Meuse préparent déjà l’édition de l’année suivante.


La
procession du 15 août

o_1ac9rp4g91bv2qal13sqs4b1l76109H45, devant l’église St Nicolas-Outre-Meuse… Une foule nombreuse attend déjà dans la rue Fosse-aux-Raines la sortie de la Vierge noire d’Outre-Meuse.  Dès leur arrivée, les groupes musicaux et folkloriques (Marcheurs de l’entre Sambre-et-Meuse, entre autres) se rangent en bon ordre dans la rue. 10 heures, les cloches de l’église sonnent la grande volée, et la Vierge du 16ème siècle sort enfin, portée par six scouts.  En effet, si au départ, la Vierge et son support pèsent plus de 200 Kg, à l’arrivée, ce poids peut atteindre près de 300 Kg, suite au dépôt de nombreux bouquets de fleurs par les fidèles.  La procession se rend ensuite au lieu où va avoir lieu la messe, avec son sermon en wallon.  Ce lieu change chaque année, afin de ne léser aucun habitant de la paroisse.  Après cette messe, la procession repart, sous les potales, et regagne l’église St Nicolas, où la Vierge noire reprendra sa place, jusqu’au prochain 15 août.  Folklore et superstition encore : En cas de défaillance d’un porteur, le lieu d’arrêt doit être judicieusement choisi : la tradition veut que si la Vierge s’arrête devant une habitation, il s’agit là d’un sombre présage pour ses habitants…

 


Le grand cortège folklorique

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Ce cortège est le moment le plus attendu des festivités, et sans doute aussi celui qui attire le plus de visiteurs dans le quartier.  Ce cortège est composé d’une vingtaine de groupes folkloriques, certains wallons (macrales de Haccourt ou de Vielsalm, Haguettes de Malmédy, Porais Tilffois…) d’autres venant de l’étranger.  Dès 14H30, il parcourt les principales artères du quartier, durant trois heures, et se termine par la présentation des groupes aux autorités, devant le monument Tchantchès.

 


Le bouquet

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Réminiscence de « L’Arbre de mai », la sortie du Bouquet marque le point de départ des festivités du 15 août.  Les autorités du 18ème siecle ayant interdit la sortie des attributs des Métiers lors des processions, cette bannière fut remplacée par un bouquet.  Celui de la République Libre d’Outre-Meuse, datant de 1776, ne conviendrait certainement pas à une jeune mariée, voyez plutôt : Près de 7 mètres de hauteur, pesant plus de 70 kilos, et garni de 3000 fleurs de soie… Les porteurs doivent êtres de solides gaillards, le bouquet se portant à bras tendus.  Accompagnés par une fanfare, le bouquet parcourt le quartier, s’arrêtant sous chaque potale, et à chaque devanture particulière ou terrasse de café, où sera servi aux porteurs le traditionnel pèkèt.   A noter, que dans les régions de Wallonie où subsistent encore les cramignons, ceux-ci sont guidés par un meneur qui tient dans la main un vrai bouquet de fleurs. C’est ce qu’il reste de cette tradition…

 

 

 


Le tir de campes

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Dès sa sortie du musée Tchantchès, le bouquet ne fera pas plus d’une centaine de mètres dans la foule, pour se rendre place Delcour.  C’est là que va avoir lieu le tir de campes. Une campe est une boîte de fonte, remplie de poudre noire bien tassée.  Sur un parcours tracé à la sciure de bois, et recouvert d’une traînée de poudre, le carillonneur alterne des séries de campes de taille différente, afin de donner un certain rythme aux explosions.  Le tir se termine par les quatre plus grosses campes, aussi appelées bombes.  A 18 heures précises, le président de la République Libre d’Outre-Meuse boute le feu à la première campe.  S’ensuit une pétarade assourdissante durant plus d’une minute.  Le tir du 14 août se compose de 700 campes. Ce tir s’appelle aussi carillon, car il était de tradition de l’effectuer lors des fêtes carillonnées.

 


Les potales

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Tradition remontant au 14ème siècle, une potale était à l’époque une niche creusée dans un mur, afin d’y déposer la statue d’un saint  (En général, St Roch, protecteur contre la peste) ou de la Vierge, plaçant ainsi les habitants de l’immeuble sous leur protection.  Au fil du temps, le culte marial l’emporta sur celui de St Roch… Des locataires d’immeubles voulant eux aussi leur potale, dès le 16-17ème siècle, les niches creusées à même les murs furent remplacées par des niches en bois, accrochées aux façades.  Lors des festivités du 15 août, les statues contenues dans ces potales sont parées de leurs plus beaux atours, les potales sont fleuries et illuminées.  Un circuit des potales existe dans le quartier, et est correctement fléché.  A l’heure actuelle, une procédure de classement est en cours.

 


L’enterrement de Matî l’Ohê

o_1ac9rp4gat2r9b01r89cvl1g0b15Le 16 août, une fois les rues du quartier nettoyées, apparaissent aux façades un étrange faire-part de décès : un certain « Matî l’Ohê » serait décédé durant les festivités !  « La levée du corps aura lieu à 17 heures au Musée Tchantchès, où les visites sont attendues dès 16 heures… » Pas de drame ici, mais une fois de plus folklore et tradition: Matî l’ohê (Mathieu l’os, en wallon) est bien un os, symbolisant ce qu’il reste des aggappes de la fête paroissiale, son enterrement signifie donc la fin des festivités.  Dans la première salle du musée Tchantchès, est dressée une mortuaire bien réelle, où repose Matî, dans son cercueil, accompagné de ses attributs : une bouteille de péket vide, botte de carottes et céleri. Un registre de condoléances est à la disposition des visiteurs, tout comme le bar du Musée.  A 17 heures, a lieu la levée du corps !   Accompagné par une fanfare, la dépouille est escortée d’un cortège bigarré, composé des Ministres de la République Libre d’Outre-Meuse, du clergé et des pleureuses.  Ce cortège s’arrêtera sous chaque potale et à chaque autel de la soif dressé pour la circonstance par les bistrotiers et sympathisants du quartier.  La particularité de la musique accompagnant ce cortège est qu’elle passe sans cesse d’une marche funèbre à une joyeuse farandole.  Après près de trois heures de défilé, danses et autres arrêts-péket, le cortège arrive enfin sur la place Gabriel, en Roture ou au Monument Tchantchès, où l’os est incinéré symboliquement.  A ce moment, le 15 août est fini, le bal populaire peut enfin commencer. Vivement l’année prochaine…